mardi 23 janvier 2018

Partialité ? Préférence pour nommer des femmes professeurs dans les sciences plutôt qu'hommes avec même CV

La sous-représentation des femmes dans les sciences universitaires est généralement attribuée, à la fois dans la littérature scientifique et dans les médias, à des préjugés sexistes qui font que moins de femmes sont embauchées.

Une étude de l’Université du Michigan à Ann Arbor s’est penchée sur cette hypothèse très commune.

L’étude résume cinq expériences d’embauche dans lesquelles des professeurs de faculté ont évalué les dossiers de candidats hypothétiques féminins et masculins. Leurs dossiers utilisaient des profils personnels systématiquement modifiés, mais qui correspondaient à un parcours universitaire identique. Les postes en jeu étaient ceux de professeurs adjoints en biologie, génie (ingénierie), économie et psychologie.

Contrairement à une idée très répandue, les professeurs sélectionneurs (qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes) dans les quatre domaines préféraient deux fois plus les femmes candidates aux hommes qui avaient pourtant le même parcours universitaire et le même état civil (célibataires, mariés, divorcés), à l’exception des sélectionneurs économistes mâles qui ne montraient aucun biais envers l’un de deux sexes.

La comparaison de différents états civils a révélé que les femmes sélectionneuses préféraient les mères divorcées aux pères mariés et que les hommes préféraient les mères qui prenaient des congés parentaux à celles qui n’en prenaient pas. Ces résultats, étayés par des données d’embauche universitaire réelles, suggèrent un biais (l’étude parle d’« avantages ») en faveur des femmes qui commencent une carrière comme professeurs d’université dans les sciences.


Préférence d’embauche parmi deux candidats à qualification et mode de vie égaux : pourcentage des membres de la faculté qui sélectionne le candidat homme ou femme.


Plus de détails :

Dans la cadre de cette étude, les auteurs ont mené des expériences randomisées et des études de validation sur 873 professeurs permanents (439 hommes, 434 femmes) de biologie, ingénierie, économie et psychologie dans 371 universités des 50 États américains et du District de Columbia. Dans l’expérience principale, 363 membres du corps professoral ont évalué des curriculum vitae décrivant des candidats hypothétiques féminins et masculins pour des postes de professeurs assistants menant à la permanence qui partageaient le même style de vie (par exemple, célibataire sans enfants, marié avec enfants). Les profils des candidats étaient systématiquement variés pour dissimuler des parcours universitaires identiques.

Les résultats ont révélé une préférence de 2:1 en faveur des femmes par les professeurs des deux sexes dans les domaines à forte intensité mathématique et non mathématique, à la seule exception des hommes économistes, qui n’ont montré aucune préférence de genre. Les résultats ont été reproduits en utilisant des analyses pondérées pour contrôler les caractéristiques de l’échantillon national.

Voir aussi

Discrimination — Les lesbiennes gagnent plus que les hétérosexuelles


La sélection à l’entrée des universités de l’« Ivy league »

Australie — Recrutement [dans la fonction publique] sur base de CV anonymisés [au niveau du sexe, nom et ethnie des candidats] augmente nombre d’hommes blancs sélectionnés (l’idée des CV anonymisés est donc abandonnée)


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